Les cannibales sont surtout courageux. Admettons-le.

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Et il ne s’agit pas uniquement du fait qu’il faut un sacrée paire de chocoballes, l’une baptisée « Rambo », l’autre « Conan », pour mastiquer un congénère bipède.

En ces temps de chienlit politique et intellectuelle, il est toujours intéressant de s’interroger sur la façon dont notre beau peuple occidental a pu nommer ses voisins et autres rencontres (équivalents, en ces temps-là, de chiens, esclaves, monstres etc., en ces temps-ci de migrants, criminels, ennemis etc.). Hui, je reviens sur le terme « cannibale », qui comme chacun sait désigne les espèces mangeant leurs semblables, mot fréquemment utilisé pour désigner certaines tribus d’Amérique du Sud ou d’Afrique, souvent tout à fait improprement. Notons que pour désigner plus spécifiquement le fait de manger un autre homme, on emploie le mot « anthropophage », traduction littérale de cette action.

Or savais-tu qu’en fait le terme « cannibale » vient précisément des Caraïbes ? Au départ, les Caraïbes sont les peuplades qui peuplent les îles de l’Atlantique en question. Ils se désignent eux-mêmes en tant que « Cariba », ce qui signifie « hardi », « valeureux » (tu comprends le titre maintenant ?). Christophe Colomb est l’un des premiers à entendre le mot de la part des Amérindiens des îles des Bahamas (le San Salvador, précisément), désignant ainsi leurs ennemis des îles voisines, et en faisant une description odieuse, que s’empresse de reprendre Colomb. Le mot, d’explorateur en copiste, se trouve rapidement déformé : cariba, « caribales » en espagnol, mal orthographié par un quidam confondant un « r » et un « n », devenant « canibales ». Et voilà comment en deux-temps trois-mouvements*, on transforme un terme indigène noble en caricature péjorative, criminalisant tout un peuple.

On rappelle au passage à quel point cette vision ethnocentrée a conditionné durablement les rapports entre les pays occidentaux et les pays « en voie de développement » comme on dit maintenant.

La semaine prochaine, on parlera du mot « barbare ». En attendant, tu peux appeler les migrants des « réfugiés ».

*expression du XXème siècle qui signifie « hyper go fast »

Hyper cordialement,
NXF


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