J’ai découvert il y a quelques jours le film Blade Runner, véritable chef-d’œuvre de la science-fiction, et cela m’a donné envie de me pencher sur le sens du terme science-fiction.
On a souvent tendance à décréter qu’un film fait partie du genre science-fiction lorsqu’il se passe dans l’espace et dans le futur. Par abus de langage, certainement.
Au départ, science-fiction nous vient de l’Anglais. Et si tu as à peu près suivi en cours, tu sais que l’on inverse le nom et l’adjectif dans la langue de Shakespear. Science-fiction signifie donc fiction scientifique et non pas histoire-dans-le-futur-avec-des-vaisseaux-et-des-monstres-bizarres. Le principal problème, c’est que le terme science-fiction est mal compris : on y associe le mot science et le mot fiction (et surtout fiction), si bien que le spectateur lambda va aller y ranger tout un tas de films sans forcément beaucoup de logique.
Certes, une fiction scientifique est une œuvre dans laquelle il est a priori question de l’évolution de la science et de la condition humaine, il est donc normal que bon nombre de ces œuvres se déroulent dans le futur. Ainsi, De la Terre à la Lune de Jules Verne tenait, quand il est sorti, de la science-fiction. Et il aura fallu plus d’un demi siècle pour que le premier homme mette effectivement les pieds sur la Lune.
Mais si le style de Jules Verne n’est pas sujet à controverse, je trouve le cas de Star Wars criminel. Pourquoi tant d’individus considèrent-ils cette saga (que j’adore, ce n’est pas la question) comme de la S-F? Je suis désolé, les geeks, mais ce n’en est pas. « -Mais tu veux que ce soit quoi d’autre? » Du fantastique, mes petits.
Tout d’abord, relisez l’avant-générique. Qu’y est il écrit? « Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine… ». Niveau futur, c’est assez mal barré. « Oui mais si ça se trouve, entre temps l’homme a régressé pour évoluer à nouveau, tu vois Star Wars c’est la préquelle de l’humanité ». Et quel est le rapport avec l’ère humaine telle que nous la connaissons ? Soyons d’accord, il est mince. On pourrait toujours y voir une lecture d’un avenir usé, délabré, conséquence des abus de l’homme. Mais ces abus ont été commis à une époque qui n’était déjà pas la nôtre.
Ensuite, la place de la science : la technologie est développée, on peut se faire greffer un bras biomécanique aux facultés poussées, et l’homme tellement travaillé sur son esprit qu’il peut maîtriser les éléments grâce à la Force. Mais quand je vois Anakin et Obi-Wan, je pense davantage à Arthur et Merlin, et donc à la magie, qui est un phénomène rarement explicable physiquement. Et oui, dans la SF, tout a une explication scientifique. Pas dans Star Wars, où la science ne joue absolument pas un rôle prépondérant dans l’intrigue.
« Oui, mais dans Blade runner, il y a des vaisseaux, des voitures volantes, des immeubles délabrés et des androïdes, c’est comme dans Star Wars ». Sauf que dans Blade Runner :
–l’intrigue se passe dans un futur pas si lointain, en 2019 pour être précis(d’ailleurs, à l’heure qu’il est, notre monde est censé ressembler au Los Angeles du film dans 8 ans, il y a du boulot).
–les locaux, appareils et machines sont délabrés parce que ce sont (pour la plupart) les mêmes qu’aujourd’hui, avec quelques décennies de plus.
-les androïdes sont le fruit des travaux d’un chercheur qui a poussé la science si loin qu’il a perdu tout contrôle sur eux, allant jusqu’à leur inculquer des émotions. Le tout accompagné sur une profonde réflexion au sujet de l’humanité et de la création d’humains artificiels. Et sur ce plan, le traducteur Reverso plaqué or et l’aspirateur customisé font pâle figure.
J’adore la saga Star Wars, ce n’est pas la question. Mais j’estime qu’elle n’a pas grand-chose à voir avec la SF. Ne serait-ce que parce qu’elle n’est pas assortie d’une réflexion sur l’humanité et la science. Des réflexions, il y en a d’autres : sur le passage à l’âge adulte, sur la paternité, sur la tentation, la maîtrise de soi. Et elles sont tout aussi passionnantes. Mais pas aussi poussées que dans Blade Runner, 1984 ou encore Gattaca.